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Pelvoux Écrins 2018
Pelvoux - Écrins 2018
Hautes-Alpes / Alpes du Sud
La Candidature Surprise
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Les Alpes du Sud
ont donc présenté la candidature de la commune de
Pelvoux
à l'organisation des Jeux Olympiques d'hiver de 2018.
Cette candidature se rajoute au niveau
national à celles d'Annecy, Grenoble et
Nice-Côte d'azur, mais s'en distingue en se voulant résolument nature et
économique.
En effet,
Pelvoux,
petite commune d'environ 450 habitants
(1)
ne peut s'aligner sur la puissance économique des autres postulants mais
s'appuie au contraire sur un vaste territoire d'espaces naturels dont 68 % est
situé dans le cœur du Parc national des Écrins.
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Pays des Écrins -
Commune de Pelvoux
(cliquer sur la
photo pour l'agrandir) |
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Une aventure de 4 ans
Cette candidature du Pays des Écrins
et de Pelvoux a créé la surprise et soulève toujours nombre
d'interrogations que la journal local, le Dauphiné Libéré, a
résumé dans une question lapidaire : Démarche audacieuse ou déraisonnable
? lors de la publication de la nouvelle. Beaucoup ont cru à une plaisanterie
et ont d'ailleurs toujours peine à la prendre au sérieux.
En fait, la démarche de candidature des
Alpes du Sud, alors autour de la ville de Gap, remonte à octobre
2004 avec OJO 2018. Elle a toutefois peiné à s'imposer dans la classe politique et dans la
population, jusqu'en septembre 2008 où, le refus bien trop tardif
de la ville de Gap, de s'engager dans l'aventure et de jouer au poker
l'argent des contribuables (Roger
Didier, maire) a bien
failli lui porter le coup de grâce. Mais ce refus a été catastrophique pour
l'image de marque non seulement de Gap mais de toutes les Alpes du Sud
et pour le moral des populations et des entrepreneurs. Il a en effet transmis un
message fortement négatif de repli sur soi de la part de la région dont les
répercussions sur les investissements nécessaires dans des départements à la
peine pourraient être dramatiques. Certaines plaisanteries douteuses ont fait
mal comme celle sur la candidature gag de Gap du journal L'Équipe.
Il fallait donc réagir pour relancer les
Alpes du Sud et remettre la région dans une dynamique positive, d'autant
plus qu'une étude préalable à la candidature effectuée par les cabinet d'experts
PriceWaterhouseCoopers
et Expertstad concluait à sa
légitimité
(sic).
Terme peu engageant, mais considéré comme suffisamment positif pour continuer
l'aventure. Encore fallait-il trouver une ville candidate.
Très vite la plupart des autres villes des
Alpes du Sud, Briançon, Embrun, Barcelonnette, ...
ont répondu par la négative, de même que les stations de ski (position
des élus). La cause
paraissait entendue. Pourtant les 4 députés du 04 et du 05 continuaient à pousser à la roue
et finalement Pelvoux et le Pays des Écrins se sont jetés à l'eau
2 jours avant la clôture des inscriptions.
Bravo donc à cette candidature pour le
moins audacieuse et atypique, mais qui doit maintenant convaincre sur le fond.
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De l'improvisation au travail de fond
Après les premières réactions de surprise
voire les moqueries (1),
de nombreuses interrogations sont apparues concernant la capacité d'un petit
village de 450 habitants ou d'une petite communauté de communes de 6500
habitants à organiser un tel événement. Les premières réunions publiques ont
montré le caractère improvisé de la candidature et l'absence de projet comme si
les 4 années de préparation et l'étude de PwC n'avaient servi à rien, avec
toujours un mode de communication stérile du type, c'est notre tour, on
l'aura !
Les réunions publiques ont surtout permis de confirmer quelques
points : d'abord,
Pelvoux
n'est qu'un prête-nom ; ensuite, les motivations profondes semblent plus
concerner la promotion du
Pays des Écrins et le désenclavement ferroviaire du Briançonnais
et des Alpes du Sud. que les JO proprement dit.
On a pu toutefois déceler une 3e
motivation cachée, consciente ou inconsciente, qui pourrait bien être plus
importante que toutes les autres, à savoir donner aux habitants l'envie
d'entreprendre. Les collectivités locales peuvent toujours donner
l'impulsion, c'est fait et quelle impulsion, mais ce sont bien les habitants
qui doivent construire leur avenir. Il s'agit de leur transmettre un message
de dynamisme pour les inviter eux aussi à se projeter dans le futur et à se
retrousser les manches, JO ou pas JO.
Puis un important travail de fond a
été mené, le projet s'est structuré sous l'impulsion d'un nouveau cabinet
conseil Ernst & Young, les soutiens se sont précisés, dont
celui important des milieux économiques et des chambres consulaires des
Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes. La région Provence-Alpes-Côte
d'Azur a
rééquilibré son soutien entre Nice et Pelvoux ; le conseil
général n'a pas mégoté sur le sien mettant la main à la poche ; Marseille
s'est engagé ainsi que de nombreuses communes des Alpes-de-Haute-Provence
dont Barcelonnette et la plus grande partie de l'Ubaye, à
l'exception notable et regrettable d'Uvernet-Fours, de sa station
Pra Loup, pourtant station des Marseillais et d'Allos, tombés
dans l'aire d'attraction de Nice. Côté Hautes-Alpes, Gap
restant sur la touche et pour cause, tout le monde, y compris Briançon,
s'est rangé à l'unisson derrière la candidature, dépassant pour une fois les
clivages politiques et les querelles de personnes
(2).
L'association Mountain Riders dont la raison d'être est la
promotion du développement durable en montagne, s'est engagée aux côtés de
Pelvoux.
Bref, la pré-candidature est apparue de plus en plus consistante jusqu'à la
présentation des grandes lignes du
projet le 24 décembre 2008 à Pelvoux.
__________
Le projet
Le projet Pelvoux-Écrins 2018, axé sur le slogan du retour aux sources lancé par le
maire de Pelvoux Gérard Sémiond, se veut
avant tout simple, sobre et économe. Il apparaît assez solide, avec
tous les
sites situés à moins de 40 km du centre principal de presse de Mont-Dauphin.
Techniquement il semble tenir la route. La
région est en mesure d'organiser toutes les épreuves dans des conditions
satisfaisantes et dans un périmètre extrêmement réduit ce qui constitue un atout
majeur par rapport aux autres candidatures où les sites seront probablement
beaucoup plus dispersés.
La
réutilisation des sites olympiques de Pragelato et de Cesana
Sansicario pour les épreuves de sauts, de bobsleigh et de luge est une
excellente chose.
Les épreuves de ski de fond un temps évoquées dans la
Clarée sont maintenant prévues à Vallouise même et à Freissinières
pour le biathlon. C'est réalisable malgré le manque de kilomètres mais cela
devra se faire impérativement sans aménagement destructif et
irréversible. Le Plan à Freissinières et la plaine de Vallouise de part et
d'autre de l'Onde doivent garder leurs caractères et destinations
actuels. Toutefois les altitudes relativement basses des deux sites peuvent
faire courir un risque certain en absence de grand froid et par faible
enneigement. Jusqu'à plus ample informé, les épreuves nordiques apparaissent
probablement comme un des points faibles de la candidature faute d'un grand
espace nordique dans la région.
Briançon y gagnerait la grande
patinoire souhaitée pour son club. Par contre, celle d'Embrun devrait
être éphémère.
L'utilisation du rail pour desservir les
différents sites et une liaison à double voie depuis Aix-en-Provence est
excellente. Autant la réaliser le plus rapidement possible car pour l'instant
rien n'est entrepris et l'amélioration de la voie existante s'éternise.
Une liaison
ferroviaire est prévue avec l'Italie par un tunnel sous le Col de Montgenèvre
entre Briançon et Oulx . Sa réalisation est indispensable pour maîtriser complètement la problématique des
transports avec notamment l'accès aux site italiens, la liaison avec Turin
et avec le nord par le Tunnel du Fréjus. C'est une condition sine qua non
pour l'organisation des jeux
(3).
Autant le dire avec force car sa réalisation n'est pas trop mise en avant dans
la communication officielle. De toute façon il faut s'y mettre tout de
suite car 10 ans ne seront pas de trop pour mener ce grand chantier à terme.
Les liaisons entre les gares et les
stations n'ont pas encore été clairement précisées, mais on devine que le groupe
Véolia les assurerait.
__________
Les valeurs
La notion de retour aux sources
prise au sens de retour à des jeux simples, sobres et économes, se fonde non pas
sur des valeurs passéistes mais fait au contraire le pari de reposer sur des
valeurs qui pourraient devenir d'avenir.
Par contre, ces valeurs de même que
l'humanisme également évoqué, pour être crédibles, doivent correspondre aux
valeurs propres de la région et des stations organisatrices. Elles apparaissent
cohérentes pour le Pays des Écrins, par contre on peut s'interroger pour
des stations comme Serre Chevalier, Montgenèvre, les Orres,
Vars-Risoul, engagées dans un élitisme financier de plus en plus poussé et pas très humaniste
(4, 5,
6).
Le retour aux sources
doit concerner le développement d'ensemble de la région et non pas
seulement la pré-candidature
(7).
L'humanisme et le retour aux sources,
c'est in fine le développement pour les populations, pour leur permettre
de vivre et de travailler au pays. Les stations ont une démarche opposée qui
obéit à une logique financière découplée de l'économie locale et dont les
conséquences n'ont pas encore manifestement été comprises par de nombreux élus,
et ce n'est pas non plus une course à la taille dont on ne perçoit pas
l'intérêt.
Sans garde-fous pas encore précisés, le
risque est ainsi grand de voir les jeux provoquer une poussée immobilière
accompagnée d'une augmentation des prix qui accentuerait les difficultés de
logement déjà perceptibles ici ou là. N'oublions pas que les études menées par
les différents cabinets conseils ont montré que la capacité d'hébergement de la
région respectait d'ores et déjà les critères du CIO.
Il va falloir aussi être plus incisif
concernant la candidature nature,
car tous les candidats vont proposer des candidatures plus nature que
nature et rivaliser de fausse écologie et de pseudo développement durable. Il
n'est donc pas sûr que cet argument fasse la différence. Moutain Riders
a pris le risque de fustiger les 3 autres candidatures à ce sujet pour justifier
son soutien à Pelvoux.
On ne peut, bien sûr, qu'applaudir au
respect de l'environnement et au développement durable mais cette démarche doit
elle aussi s'inscrire dans le cadre plus large de la stratégie de la région.
__________
Conclusion
La candidature apparaît plus crédible
maintenant qu'elle s'appuie sur un dossier technique solide, même si celui-ci
présente quelques faiblesses ici ou là notamment en ne disposant pas d'un grand
espace nordique, mais les candidatures concurrentes auront également leurs
faiblesses.
Il est important qu'elle s'appuie sur des
valeurs fortes considérées comme des valeurs du futur. Par contre, ces valeurs
doivent dans ce cas devenir les valeurs propres de la région pour donner de la
profondeur à la candidature et en faire un véritable projet de territoire. Que
ce soit pour le retour aux sources ou pour la candidature nature,
les faits risquent d'être cependant têtus malgré la bonne volonté et la conviction des
porteurs de la candidature
(7).
Le ministre et la secrétaire d'état en
charge de l'environnement ont peut-être donné un coup de pouce à la candidature
de Pelvoux en insistant, non seulement sur leur volonté de faire des jeux
un éco-événement, mais encore sur le rééquilibrage territorial que les jeux
devraient induire.
__________
Les
hommes
Jean-Marc Passeron, l'homme
à qui on doit la candidature des Alpes du Sud. Il en a le premier lancé l'idée, l'a
mise en forme et l'a promue avec énergie et ténacité.
Président de OJO 2018, l'association qui a soutenu l'avant projet, il a su
mobiliser les acteurs économiques et de nombreux élus et responsables
touristiques. Malgré les oppositions et la défection de Gap, il a réussi
à convaincre les élus du Pays des Écrins de déposer leur candidature.
Mais il a les défauts de ses qualités. Il a commis l'erreur stratégique majeure
de politiser la candidature et d'en faire un enjeu électoral, y compris pour lui
même, ce qui lui a valu deux échecs sévères, de solides inimitiés avec le
résultat d'avoir empêcher tout consensus autour de sa démarche.
Joël Giraud, député-maire
de l'Argentière-la-Bessée. Après le retrait de Gap, il en a très vite
compris l'impact négatif sur l'image de la région et a tout de suite perçu
l'intérêt de poursuivre l'aventure pour le développement du Pays des Écrins
et pour accélérer le projet qui lui tient à cœur de tunnel ferroviaire sous le
Col de Montgenèvre. Il est certainement l'un des acteurs principaux de la
candidature du Pays des Écrins et de Pelvoux.
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Jean-Marc
Passeron |
Cyrille Drujon d'Astros Guy Hermitte Gérard Sémiond Joël Giraud |
Crédit photos :
ledauphiné.com |
Cyrille Drujon d'Astros, maire
de Freissinières et président de la communauté de communes du Pays des Écrins.
Tout nouveau dans la fonction de président de la comcom, il n'était pas vraiment
préparer à se lancer dans une telle aventure. Il va devoir se révéler dans le
pilotage local du projet en tant que président du comité de candidature. À suivre...
Gérard Sémiond, maire de Pelvoux.
Fraîchement élu maire de sa commune, il hérite de la patate chaude qui n'a pas
l'air de trop lui brûler les doigts. Beaucoup de promesses lui ont été faites qui
finalement n'engage que lui-même qui les a reçues. Il réagit avec beaucoup de flegme et découvre petit à petit les implications de
la candidature pour sa commune et notamment la contrainte de la tenue des
cérémonies de remises des médailles. À suivre...
NN, futur directeur du comité
d'organisation. Il aura à construire un solide dossier de candidature et
à fédérer l'ensemble des forces vives et de la population des Alpes du Sud autour de ce projet commun d'avenir. Ce ne sera pas une mince affaire, compte tenu de la
complexité de la tache et de l'ampleur des dissensions et susceptibilités.
Guy Hermitte, maire de
Montgenèvre et porte-parole du comité de candidature. Il est engagé
aux côtés de Jean-Marc Passeron dans la démarche de candidature
depuis ses débuts, 4 ans en arrière.
__________
Vallouise, le 26 décembre 2008, complété
le 12 janvier 2009
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Notes :
(1) Notamment celle indigne de la part du
sénateur des Hautes-Alpes qui venait tout juste de se faire réélire.
(2) Non sans parfois quelques contorsions
politiques, adhésion bien venue et allégeance aux ennemis d'hier ... mais le
résultat est là.
(3) Sine qua non est à prendre au
sens littéral de l'expression : si pas de tunnel ferroviaire, pas de jeux !
(4) La sélection par l'argent que l'on
constate ici ou là va à l'encontre de cet esprit du retour aux sources et
ne peut être qualifiée d'humaniste. Signalons que, dès octobre 2007, un
restaurant du Monêtier-les-Bains osait facturer à 5 € un café sans aucun
accompagnement. Il ne faudrait pas que les jeux provoquent la généralisation
d'un tel tarif.
Les conditions de construction du nouveau
quartier de Bois Méan aux Orres laissent perplexes : emploi de
travailleurs clandestins, pas de station d'épuration, qualité désastreuse des
logements livrés en décembre 2008. Ces résidences pourraient servir de second
village olympique...
Vars et Risoul viennent
récemment encore de rappeler que leurs stations sont engagés dans un processus
de développement de tourisme de luxe, illustré par une perle de Max
Brémond, maire de Risoul, le luxe paye et payera toujours.
Vision irréfléchie qui va conduire, comme à Chamonix, Megève, La Salle- les-Alpes, Orcières, Montgenèvre, à l'émigration de
leur population vers la vallée.
(5) Dans le cadre de l'humanisme, on peut
aussi noter la persistance de difficultés sociales pour les saisonniers.
(6) Aucune critique ici, simplement un
constat, car chacun joue son rôle. Mais les actionnaires de la Compagnie
des Alpes n'ont pas forcément la même vision de l'humanisme que
les élus. À ces derniers de définir la stratégie de développement de la région
avant tout pour leurs populations (7).
(7) Tous les élus des stations doivent se
ressaisir et sortir de la logique de sélection par l'argent et de la politique
de bénéfices pour les actionnaires au détriment de leurs populations. Celles-ci
votent avec leurs pieds en s'expatriant, quitte à revenir occuper les emplois
précaires que leur politique favorise.
À cet égard, la politique des communes de
Risoul et de Vars (lire en marge à droite) est édifiante et
consternante. Plus CDA qu'eux, tu meures ... Leur vision purement financière et
économique est dramatique pour le développement de leurs populations.
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les Vigneaux
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