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Pelvoux Écrins 2018
Pelvoux - Écrins 2018
Hautes-Alpes / Alpes du Sud
La candidature Nature
La candidature de Pelvoux se veut
nature, elle a même été
qualifiée d'écolo par
le Figaro, mais ce concept reste encore flou. Il va falloir
l'étoffer considérablement pour que cet argument fasse la différence car, d'une
part, tous les candidats vont proposer des candidatures plus nature que nature et rivaliser de fausse écologie et de
pseudo développement durable, et d'autre part, il n'est pas non plus
assuré que la candidature de Pelvoux soit la plus nature et la
plus développement durable des quatre, bref la plus écolo des 4 !
Cela ne va pas en effet de soi...
__________
En effet, le Pays des Écrins peut-il déjà lui-même se prévaloir d'une démarche exemplaire de développement
durable et de protection de la nature ?
Il faut voir, car :
(1) Il n'y a pas à ce jour de Schéma de
Cohérence Territorial (SCoT), donc pas de Projet d’Aménagement et de
Développement Durable. Pas de fondation donc...
(2) La référence au Parc National
des Écrins et aux zones Natura 2000
(1) est un peu l'arbre qui cache la
forêt : les espaces agricoles en vallée sont de plus en plus mités ; les paysages
se ferment ; malgré leurs grands intérêts paysager, floristique et faunistique, la
Combe de Narreyroux, les pentes de la Blanche et le secteur de
Tournoux font l'objet de convoitise des stations de ski ; Puy-Saint-Vincent n'a
pas d'espace protégé sur son territoire.
(3) Le développement durable se réduit
bien trop souvent au seul traitement des déchets, même les économies d'énergie
et les énergies renouvelables font plus l'objet de discussions que d'actions ou alors ponctuelles,
tandis que l'assainissement,
la récupération et le traitement des eaux usées souffrent de graves lacunes.
(4) Le soutien du monde économique à la
candidature est avant tout motivé par les retombées économiques et l'espoir d'un
désenclavement, pas particulièrement par la protection de la nature ou un engouement soudain pour
l'écologie.
__________
Certes, mais le changement des mentalités
progresse, la volonté politique existe et les commissions d'élaboration de la
charte du Parc National des Écrins, qui vise à promouvoir le
développement durable sur l'ensemble des communes de la zone d'adhésion du PNE, sont encourageantes.
On peut donc raisonnablement envisager une
candidature
nature.
Mais pour se démarquer elle devra être
exigeante et
elle ne pourra pas se faire sans une mutation profonde de l'ensemble des
collectivités locales et des secteurs socio-économiques vers le développement
durable, car l'excellence environnementale, h bien ! il faut la construire.
En effet, la région part de loin. Par exemple
sur les
40 critères
d'évaluation de développement durable retenus par l'association
Mountain Riders
(2), Puy-Saint-Vincent n'en satisfait que 16,
Montgenèvre 13 et les Orres comme Serre Chevalier 8 chacun.
Certes, ces stations n'en sont qu'au début du processus d'amélioration continue
mais 10 ans ne seront certainement pas de trop pour un positionnement correct
(3,
4).
En outre, ces éléments ne donnent pas d'avantage
compétitif par rapport à la candidature d'Annecy, au contraire même (Chamonix
: 23, Megève : 19, Avoriaz : 16, la Clusaz : 15), un faible
avantage par rapport à celle de Grenoble (Alpe d'Huez : 14,
Deux-Alpes : 9, Chamrousse : 8), un avantage plus conséquent par
rapport à celle de Nice (Valberg : 12, Isola 2000 : 9,
Auron : 5)
(5).
Au stade suivant, celui de ville
requérante, le changement de catégorie va être dur à affronter, et, en terme
d'excellence environnementale et de développement durable, il s'agira d'abord de
se mettre à niveau.
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Comment aussi ne pas soulever
l'incohérence qu'il y a à parler de candidature nature dans un département qui n'hésite pas à cautionner,
président du conseil général en tête, une épreuve comme la Croisière blanche, un raid
hivernal motorisé qui se déroule durant quatre jours dans les vallées du
Champsaur et du Valgaudemar
à bord de 4x4, motos et quads
(6).
__________
L'argument nature pour la
candidature de Pelvoux est évidemment indispensable mais il pourrait être
difficile de faire mieux que les autres déjà au niveau national sans un volontarisme politique à long
terme 'à déplacer les montagnes', mais les montagnes on connaît, et capable de se propager à l'ensemble des
Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes.
Comme tout le monde s'y met, l'ANEM
(association nationale des élus de montagne) en tête, de même que les autres
candidats, il faut frapper plus vite et plus fort dans le sens de la protection
de l'environnement et du développement durable
(7).
Puisqu'il semble y avoir consensus (8), la candidature est une excellente opportunité pour appuyer sur
l'accélérateur. Mais pour cela, il y a des conditions incontournables à
considérer, pour ne pas en rester également au stade de la façade verte
dénoncée par Moutain Riders à propos des autres candidatures.
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Conditions d'une candidature nature
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Préservation du cadre naturel
exceptionnel du territoire
La Vallouise, la Clarée
encore plus, et la Ceyverette ont gardé un caractère nature fort alors
que la Guisane l'a perdu dans sa partie aval. Une condition sine qua non
pour un label nature est évidemment de préserver les caractères
exceptionnels qui font l'attrait de ces vallées. Pour la
Vallouise, plus directement concernée, elle doit absolument conserver son
caractère naturel et sa structure paysagère auquel ses habitants et ses élus sont si attachés. Cela passe
par la préservation des espaces agricoles de la vallée, le maintien de la
structure existante des villages et la non extension des domaines skiables.
La nature pourrait même y gagner, et ce
serait un message très fort pour la crédibilité de la candidature, si des zones comme la Combe de Narreyroux,
les pentes de la Blanche et
le secteur Tournoux/Pousterle, devenaient protégées des extensions des
domaines skiables, pour le plus grand
profit des tétras-lyre, des lagopèdes et des ... amoureux de la nature qui
vivent ici et qui y viennent aussi pour cela.
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Desserte
ferroviaire franco-italienne
Une deuxième condition sine qua non est
une desserte ferroviaire franco-italienne moderne, permettant d'une
part une interconnexion avec les lignes remontant sur le nord par le Tunnel
du Fréjus et d'autre part les accès les plus proches possibles des sites
touristiques. Cette condition n'est pas aujourd'hui remplie, mais sa réalisation
ne peut rester de l'ordre de l'hypothèse. Si pas de tunnel ferroviaire, pas
de jeux !
Dans le cadre des jeux, l'accès aux sites de compétition et de
résidence devra se faire exclusivement par transport en commun propre à partir de
cet axe ferroviaire, en évitant toute nouvelle remontée mécanique de fond de vallée
qui mettrait à mal la qualité paysagère atout majeur de la région.
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Projet de territoire
Troisième condition, il faut donner de la
profondeur et du souffle au projet en en faisant un véritable projet de développement de
territoire, cohérent et durable, en un sens non galvaudé du terme, c'est-à-dire
traitant concrètement des 3 dimensions économique, sociale et environnementale
et dépassant les mono-activités saisonnières. Au niveau des territoires
concernés du 04 et du 05, ce serait extraordinaire ; au niveau des communautés
de communes du Grand Briançonnais et de l'Embrunais, ce serait
bien ; au niveau du seul Pays des Écrins, ce serait le minimum et un tout
petit souffle.
Au moins, les communes de la zone
d'adhésion du Parc National des Écrins vont devoir confirmer leur
engagement environnemental par l'établissement d'une charte volontariste et
ambitieuse et bien entendu par leur adhésion résolue au parc national, par
conviction plus que par intérêt.
Un nouveau SCoT pour le Pays des Écrins est
de toute façon indispensable pour dynamiser le pays ; fondé sur une large concertation et
ne réitérant pas les erreurs de la précédente tentative, trop axée sur le tout
ski hivernal et pas assez sur un développement économique et social sur le long
terme et à l'année.
__________
Projet nature
Quatrième condition, le projet lui-même
doit : être nature, simple et économique ; mettre en jeu à tous les niveaux les conditions d'un
développement durable ; prévoir l'utilisation autant que faire se peut des
équipements existants, notamment les pistes de bobsleigh et les tremplins de ski
de nos amis italiens ; sans installation additionnelle de production de neige
artificielle (normalement il y en a déjà assez à ce jour pour permettre le
déroulement des compétitions)
(9) ; avec une consommation énergétique optimisée et
puisant largement dans les énergies renouvelables.
__________
À ces conditions, avec un engagement
unanime et résolu des politiques et des socioprofessionnels sur le long
terme et l'adhésion de la population, la candidature peut aller loin et le pays s'en trouver transformé pour le meilleur. L'opportunité de
créer le cadre et les conditions de vie pour les 20 prochaines années est
trop belle pour qu'on la laisse filer
(10).
...
Euh, j'oubliais, il y a encore une autre
condition, ... avoir aussi le meilleur
dossier technique
(11).
Vallouise, le 18 décembre 2008
__________
L'association
Mountain Riders,
engagée dans le développement durable en montagne, apporte sa caution à la
candidature nature de Pelvoux. Elle sera en particulier associée à
l’élaboration et à la réflexion tout au long du projet pour une application
concrète du développement durable dans l’ensemble des sujets traités et pour
l'établissement du Bilan Carbone™ du projet (bilan 2008 et prospectives 2018
et 2019).
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Notes :
(1) Zones Natura 2000 du steppique
durancien et des Vallons des Bans et du Fournel.
__________
(2) Mountain Riders,
association dont l'objectif est le développement durable en montagne. Elle a en
particulier établit une liste de
40 critères permettant de vérifier l'engagement de développement durable des
stations. Ceux-ci marquent avant tout le départ d'une démarche
d'amélioration. En effet, pris isolément ils sont peu exigeants. C'est
l'ensemble qui représente une exigence forte et qui montre l'énorme chemin qui
reste encore à parcourir pour un développement durable en montagne, d'autant
plus qu'il faudra très vite aller au delà de ces critères pour l'instant a
minima. Imaginons qu'aujourd'hui seulement 33 % des stations possèdent au moins
UNE toilette sèche accessible au public et seulement Montgenèvre dans la
région !
__________
(3) Les résultats ne devraient pas
fondamentalement différer au niveau du Pays des Écrins. Certes il y
aurait une déchetterie et des espaces naturels en plus, mais par ailleurs
Puy-Saint-Vincent station a une démarche HQE qui lui est propre qui n'existe
pas au niveau du canton. Par contre, ses lacunes principales, dans le domaine
des transports, de l'énergie, de l'aménagement et par dessus tout de l'eau sont
communs à toute la région.
__________
(4) Les Orres, qui n'a pas d'espace
naturel protégé sur son territoire, n'a pas non plus prévu le traitement des
eaux usées pour son nouveau quartier de Bois Méan, pressenti comme second
village olympique.
__________
(5) Comme pour Puy-Saint-Vincent
par rapport au Pays des Écrins, on peut extrapoler globalement le
positionnement des stations où auront lieu les compétitions vis-à-vis du
développement durable, à leur région.
La direction départementale de la Jeunesse
et des Sports de Haute-Savoie est en train de populariser une
Charte Développement durable et Manifestation Sportive de Nature qui
pourrait être généralisée.
__________
(6) Le soutien de Luc Alphand,
un temps affiché, n'est plus maintenant associé à la candidature. Logique, car
les soutiens à la candidature doivent évidemment être en cohérence avec les
valeurs mises en avant.
__________
(7) Malgré cette urgence, la subvention du
CG pour la pré-candidature est prélevée sur le financement d'un projet
d'assainissement du Pays des Écrins qui, faute d'être prêt est reporté,
mais hélas pas son financement. Il s'agit pourtant d'un point noir de la
candidature.
__________
(8) Même s'il s'agit de conversions
souvent récentes, au prix parfois de grands écarts par rapport à des projets en
cours, comme le projet de Bois Méan aux Orres, acceptons-les sans trop
faire la fine bouche, mais en espérant qu'il ne s'agit pas d'une simple
conversion tactique, une simple façade verte pour reprendre l'expression
de Mountain Riders.
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(9) Selon une étude de la CIPRA
(Commission internationale pour la Protection des Alpes), l'enneigement
des pistes, lors les jeux de Turin en 2006, a nécessité à lui seul l'utilisation
de 95 millions de mètres cube d'eau (65 % tiré des nappes phréatiques) et d'une
quantité comparable à celle de la consommation annuelle d'une ville de 600 000
habitants.
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(10) Avec la candidature il s'agit bien de
créer un élan vers l'avenir pour la jeunesse, et de créer le cadre et les
conditions de vie pour les 20 prochaines années. Pour cela il faut commencer par définir ce que l'on veut
être et devenir, la vision d'avenir, ce qui n'a pas encore été mené à
bien. La charte du Parc national des Écrins est une opportunité pour les
communes de la zone d'adhésion, le Pays des Écrins devra bien finir par
établir son SCoT en cohérence avec ceux de ses voisins. Vaste chantier à
conduire dare-dare avant le passage éventuel devant le CIO ... Cela donnera une
force énorme à la candidature, la transformera en projet d'avenir pour la région
et accessoirement supprimera complètement le côté un peu surréaliste et
opportuniste de la
candidature prête-nom d'un petit village de 450 habitants.
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(11) Par contre, arrêtons de trouver
logique d'avoir les jeux dans les Alpes du Sud parce c'est leur tour.
Le CNOSF s'en f... et le CIO encore plus !
Par contre, l'enjeu en matière de
dynamique et de rééquilibrage territorial est plus important.
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Vallouise
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